C’est la crise nous dit-on ! Il n’y aurait plus d’argent ! Il faut faire des efforts…
François Bayrou et Emmanuel Macron, en bons soldats du capital, persistent dans une politique d’austérité – 40 milliards d’euros d’économies sont exigées – qui sape l’action climatique et étrangle nos services publics, au mépris des besoins de la population et des conditions de travail déjà fortement dégradées des fonctionnaires et agents publics.
La contribution des entreprises au budget de l’État et à la protection sociale est au plus bas, alors qu’elles-mêmes sont sous perfusion de subventions publiques : 260 milliards d’euros leur ont été distribués sans conditions en 2023 selon la Cour des comptes.
Une France désindustrialisée percutée par l’« America First »
La secrétaire générale de la Cgt, Sophie Binet, l’a encore souligné lors de l’intervention présidentielle du 13 mai : outre ArcelorMittal, Arkema, Stmicroelectronics ou Vencorex, près de 300 sites sont menacés par des plans de licenciements, avec des territoires très impactés, puisque pas moins de 200 000 emplois pourraient être supprimés. L’industrie française est bien mal en point !
Cette désindustrialisation a des conséquences économiques et sociales dramatiques, mais celle-ci entraîne aussi des pertes de savoir-faire pourtant indispensables pour une renaissance industrielle compatible avec la préservation de l’environnement.
Dans ce contexte, Donald Trump a enclenché une guerre commerciale mondiale et sauvage, attaquant frontalement les objectifs d’égalité, de mixité et en faveur du climat. La politique de l’« America first » menace notre économie dont les perspectives de croissance sont tombées à 1,1 %. Est-ce si étonnant d’en arriver là alors que, depuis les années 1970, la part de l’industrie dans le Pib a été divisée par deux pour ne plus en représenter que 18 % en 2024 ? L’emploi a logiquement suivi, la part de l’industrie y passant de 37,4 % en 1982 à 13,3 % en 2020. L’Apec alarme d’ailleurs sur les perspectives d’emploi des cadres, qui ont chuté de 8 % en 2024 par rapport à 2023, avec des reculs sensibles dans les secteurs à forte valeur ajoutée, de l’informatique à l’industrie, en passant par le commerce et la construction.
Remplacer la cotisation sociale par l’impôt : une imposture
Entre austérité, pression sur les salaires et les qualifications, maintien d’un taux élevé de chômage et suppressions d’emplois, le financement de la protection sociale est menacé, alors qu’elle est vitale pour amortir les inégalités. Sous la fausse promesse de redonner du salaire en « allégeant les charges sociales », il s’agit ni plus ni moins de réduire le salaire socialisé et de désengager les entreprises.
La proposition d’un financement par l’impôt est une véritable imposture et une injustice : imposture, car cela concourrait à retirer la gestion de la protection sociale des mains des salariés pour la placer dans celles du gouvernement ; injustice car l’impôt, principalement abondé par la Tva, touche plus durement les ménages modestes. Placer le système entre les mains d’un État qui veut réduire les dépenses et promeut la capitalisation, cela signifie que seuls les ménages aisés disposeraient encore d’une retraite correspondant à leur niveau de vie.
Heureusement, rien n’est joué. Le 5 juin sera une nouvelle occasion de rappeler des exigences largement partagées parmi les salariés et la population : retour à la retraite à 62 ans, puis à 60 ans ; augmentation des salaires, défense de l’emploi.
Sortir du « plancher collant » du Smic
Le « conclave » sur les retraites est discréditée par le départ notamment de la Cgt, après que François Bayrou a écarté le retour à la retraite à 62 ans. Or celui-ci est possible : il dépend avant tout de l’assiette des ressources, sur lesquelles la Cgt fait de nombreuses propositions : augmentation des salaires ; échelle mobile des salaires pour sortir du « plancher collant » du Smic et répartir plus équitablement les richesses ; réalisation de l’égalité salariale femmes-hommes. Il faut également conditionner les aides publiques afin de défendre nos emplois qui sont sacrifiés pour servir les dividendes des actionnaires.
Alors emboîtons le pas des belles mobilisations du 8 mars et du 1er mai qui ont rassemblé des centaines de milliers de manifestants. Notre aspiration à vivre dignement de notre travail, à vivre notre retraite, et nos luttes sociales, ce n’est pas du cinéma ! Participons aux grèves et mobilisations organisées le 5 juin !