18 septembre : le budget sous surveillance de la mobilisation interprofessionnelle

Complémentaire de l’initiative du 10 septembre, l’appel à grèves et manifestations de l’intersyndicale (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires et FSU) exige notamment l’abrogation de la réforme des retraites.

Publié le : 15 · 09 · 2025

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La première journée de blocages a réuni quelque 250 000 participants sur tout le territoire.

Zuma Press/MaxPPP/MaxPPP

Au départ, l’ampleur et la forme du mouvement citoyen « Bloquons tout » étaient incertaines. Tout juste avait-on une idée du profil de celles et ceux qui s’apprêtaient à le rejoindre, grâce notamment à une étude du politiste Antoine Bristielle, de la Fondation Jean Jaurès : plus politisés, plus diplômés, plus urbains que les gilets jaunes de 2018-2019. . Ils et elles l’ont été en ce 10 septembre -« nouveau jour férié » anticipe une banderole avec un certain humour. Mais en partie et pas partout : en Loire-Atlantique, témoigne ainsi un militant Ugict, une trentaine d’actions ont eu lieu à Nantes et dans le bassin nazairien, dans les villes moyennes mais aussi dans les zones rurales, dans la dynamique observée lors de la mobilisation contre la réforme des retraites.

Au total, la journée de blocages a réuni quelque 250 000 participants, a comptabilisé la CGT qui avait appelé à la mobilisation et recensé 1 000 appels issus de ses organisations et quelque 200 initiatives et rassemblements. Un succès, au regard des 100 000 bloqueuses et bloqueurs attendus par le gouvernement, qui avait déployé 80 000 gendarmes et policiers sur tout le territoire. Des centaines de personnes ont été placées en garde à vue, certaines préventivement, dont au moins cinq militants et militantes de la CGT. 

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À Paris, place du Châtelet, le rassemblement organisé par les unions départementales parisiennes de la CGT, de la FSU et de Solidaires a vu dans l’après-midi affluer de nombreuses et nombreux jeunes, pour beaucoup étudiants, qui ont échangé sur leur inquiétude vis-à-vis de l’avenir et de leurs difficultés à se loger. 

Beaucoup plus tôt dans la matinée, à Marseille, un cortège de près de 400 personnes s’est rendu au pied de la tour CMA-CGM, dans la zone d’affaires Euroméditerranée, siège de la compagnie maritime de Rodolphe Saadé, propriétaire par ailleurs de La Provence, de BFM TV et de RMC. En revendiquant, comme partout dans le cadre d’une myriade d’actions, davantage de justice fiscale et sociale ; en manifestant pour un autre budget et une meilleure répartition des richesses. « Tax the rich », pouvait-on lire sur une autre banderole, en référence à l’idée d’un impôt européen sur les grandes fortunes pour financer la transition climatique et sociale. « Qui financera la dette climatique ? », s’inquiétait ainsi un manifestant.

À Hagondange, en Moselle, c’est pour la sauvegarde des emplois et de l’outil industriel que Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, était venue soutenir les salariés de NovAsco, entreprise sidérurgique menacée de liquidation. 

Sacrifices pour le monde du travail : stop !

En ce 10 septembre, première étape d’un mouvement destiné à s’ancrer dans la durée, la mobilisation a été notable : plus d’une centaine d’arrêts de travail enregistrés dans la Fonction publique hospitalière ; des milliers de grévistes aux Finances publiques ; plus de 130 appels à la grève dans la chimie ; des monuments nationaux totalement ou partiellement fermés dont le Louvre, le château de Versailles, Orsay, la BNF ou les Archives nationales de Paris et d’Aix… La fédération CGT des Services publics fait part d’un nombre record de préavis de grève, courant souvent jusqu’à fin septembre, à l’initiative de plus de 50 % des coordinations syndicales départementales (CSD) 

Acte II, ce jeudi 18 septembre : les syndicats ne l’envisagent pas comme une journée d’action concurrente, mais complémentaire de l’initiative citoyenne du 10 septembre. Et dans l’unité : CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires et FSU, veulent ainsi mettre sous surveillance le budget en cours de préparation, imposer des investissements pour les services publics et le climat, et abroger la réforme des retraites de 2023. « Les sacrifices pour le monde du travail, ça suffit ! » tonne l’intersyndicale, dans son communiqué. Sans attendre, la mobilisation s’annonce forte, notamment dans le secteur des transports. À la RATP, déjà fragilisée par des restrictions budgétaires et l’ouverture à la concurrence du réseau de bus, la réaction est à la hauteur du refus de la logique austéritaire : l’appel à la grève est lancé par les quatre organisations syndicales représentatives (CGT, FO, Unsa, CFE-CGC), qui représentent plus de 90 % des agents et agentes.

Christine Labbe

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