Comme souligné dans la résolution de la Confédération européenne des syndicats (Ces) le 21 mai, les graves violations du droit humanitaire à Gaza et en Palestine occupée sont inacceptables et injustifiables, et les dirigeants européens doivent agir de toute urgence. Une forte majorité des ministres des Affaires étrangères est favorable au réexamen, estimant que l’article 2 – respect des droits humains – est bafoué par Israël. Avec la Ces, Eurocadres – structure à laquelle l’Ugict-Cgt est affiliée – demande à la Commission européenne de mener ce processus à son terme, sans céder aux pressions contraires.
Les Palestiniennes et Palestiniens ne peuvent plus attendre. Les mesures de rétorsion commerciales ne peuvent être entravées par des veto nationaux, la majorité des États membres appelant désormais à une action rapide.
Conférence de mi-mandat de la Ces à Belgrade
L’équipe d’Eurocadres vient tout juste de rentrer de Belgrade où, en mai, s’est tenue la conférence de mi-mandat de la Ces. Après quelques jours de discussions importantes, de débats et de résolutions, nous avons été ravis de constater l’importance accordée par nos collègues à l’intelligence artificielle, qui apparaît de plus en plus comme un problème central pour les cadres.
Les travailleurs n’ont tiré avantage ni de la numérisation ni des promesses de croissance économique. L’économie européenne est obsédée par la productivité, et cela est particulièrement évident dans le domaine de l’IA. Nous devons veiller à ce que l’IA soit au service des travailleurs et des citoyens, sachant que quatre entreprises européennes sur cinq introduisent des systèmes d’IA destinés au management… Nous devons nous protéger des mécanismes de désinformation de l’IA, de sa destruction environnementale et de ses failles de sécurité.
Même la droite européenne admet qu’il faut réglementer l’IA
Les syndicalistes ne sont pas les seuls à appeler à l’action. Outre les experts et les groupes de gauche, même le Parti populaire européen (Ppe, droite) est désormais convaincu de la nécessité d’agir. Nous l’avons constaté après avoir rencontré Andrzej Buła, qui œuvre pour le Ppe à un rapport parlementaire sur la gestion algorithmique. Le consensus politique semble clair : c’est nous – et non un algorithme – qui devons façonner le monde du travail.
Avec l’appui d’Isabelle Schömann, secrétaire générale adjointe de la Ces, le contenu du plaidoyer d’Eurocadres sur l’IA a occupé une place importante dans les discussions. Il a permis d’identifier les arguments sur les enjeux sociétaux, financiers, environnementaux et éthiques, et d’élaborer une stratégie pour les faire passer aux acteurs politiques.
Des solutions à mettre en œuvre sur les lieux de travail
L’événement nous a également permis de présenter notre boîte à outils d’IA, développée en partenariat avec le projet Aequitas, en direction des représentants des travailleurs. Il s’agit d’expliquer comment des solutions peuvent être mises en œuvre sur les lieux de travail à travers l’Union européenne.
Alors que la lutte pour une utilisation équitable de l’IA s’intensifie, la conférence de Belgrade a clairement montré que le mouvement syndical est uni dans son objectif d’obtenir une directive européenne sur la gestion algorithmique.
Ce mois-ci, nous avons également pris la parole devant le mensuel The Parliament Magazine, à Bruxelles, où nous avons souligné la nécessité d’un droit contraignant à la formation professionnelle afin de combler les lacunes en matière de qualifications et de compétences. Les travailleurs doivent disposer des outils nécessaires pour assurer notre double transition, mais ils n’ont souvent pas bénéficié du temps ni des opportunités qu’ils méritent.
La feuille de route pour des emplois de qualité
Dans le cadre de l’élaboration de la feuille de route pour des emplois de qualité, la vice-présidente exécutive Roxana Mînzatu a mené plusieurs auditions auprès des partenaires sociaux pour entendre les priorités d’un large éventail de parties prenantes. Eurocadres souhaite que la feuille de route soit divisée en quatre volets : conditions de travail de qualité ; espace de travail numérique ; compétences ; conditions de travail favorables. Et elle doit au minimum s’appuyer sur trois demandes législatives :
- une directive sur les risques psychosociaux liés au travail ;
- une directive sur la gestion algorithmique ;
- une législation sur le télétravail et le droit à la déconnexion.
Nous attendons également les prochaines étapes vers une proposition sur le télétravail et le droit à la déconnexion, question essentielle dans la vie professionnelle contemporaine. Lorsque les partenaires sociaux n’ont pas réussi à obtenir un texte, la Commission doit agir.
Le contenu de la feuille de route devrait être publié au 4e trimestre 2025, et nous continuerons d’ici là à plaider en faveur de l’action dans tous les forums disponibles.