Urgence climatique, urgences sociales : même combat, le 18 septembre et au-delà !

Avec son discours alarmiste, François Bayrou n’aura pas convaincu. Pour les citoyen·nes et le monde du travail, c’était le budget d’austérité de trop.

Publié le : 12 · 09 · 2025

Mis à jour le : 19 · 09 · 2025

Temps de lecture : 5 min

Image abstraite réalisée par Antoine Thibaudeau, mélangeant peinture acrylique, étoiles scintillantes et reflets aquatiques.

Tenant compte du 10 septembre lancé par le mouvement « bloquons tout », l’intersyndicale a appelé à faire du 18 septembre une journée forte de mobilisation, y compris par la grève, et lancé la pétition stopbudgetbayrou.fr. La nomination de Sébastien Lecornu n’y change rien ! Notre revendication est claire : un budget de justice sociale et environnementale et l’abrogation de la réforme des retraites décalant l’âge de départ à 64 ans.

Stop aux reculs face à l’urgence climatique

Nous vivons chaque été plus intensément la réalité du changement climatique, comme nous le rappellent les canicules et les incendies. L’été 2025 a été le troisième le plus chaud jamais mesuré en France, avec une anomalie particulièrement exceptionnelle au mois de juin : +3,3 °C de dépassement par rapport aux normales saisonnières. Loin d’être des accidents isolés, les records de températures sont dépassés les uns après les autres, confirmant l’accélération du dérèglement climatique.

Or, selon le sondage OpinionWay 2025 pour Reclaim Finance et le Forum citoyen pour la justice économique, près de 90 % des Françaises et des Français veulent que les pouvoirs publics régulent les entreprises pour qu’elles soient transparentes, et agissent même si cela induit des coûts supplémentaires. Ils et elles sont aussi 80 % à souhaiter que les multinationales et leurs sous-traitants soient obligés de prévenir leurs impacts sociaux, environnementaux et climatiques.

Notre baromètre Cadres Ugict-CGT/ViaVoice 2025 l’indique : près de 6 cadres sur 10 estiment que les défis climatiques pourraient impacter leur futur. Mais pour la moitié, leur employeur n’anticipe pas les défis à venir ; pour 60 %, ils et elles ne sont pas consultées.

Face à l’urgence environnementale, renforcer à la fois les obligations des employeuses et employeurs, et le droit d’intervention des salarié·es n’est plus une option : c’est une nécessité.

Emboîtant le pas du désengagement trumpiste, les politiques environnementales sont en recul, en France et en Europe. En témoignent la directive européenne « Omnibus », les lois de simplification et la loi Duplomb contre laquelle une pétition inédite a rassemblé plus de 2 millions de signatures, et que le Conseil constitutionnel a partiellement retoquée.

Selon l’édition 2025 du Panorama des financements climat de l’I4CE, les investissements climat en France ont baissé de 5 % en 2024 et stagnent à 103 milliards d’euros en 2025. Pour atteindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030, il faudrait investir 87 milliards d’euros de plus dès maintenant. Ce serait finançable en réaffectant les 211 milliards accordés sans contrepartie aux entreprises, documentés par le récent rapport sénatorial « Transparence et évaluation des aides publiques aux entreprises ».

Ces renoncements coûtent cher ! Selon le ministère de la Transition écologique, l’inaction climatique entraîne le recul du PIB et des surcoûts liés aux assurances, aux conséquences socio-économiques comme aux moyens humains supplémentaires pour faire face aux catastrophes naturelles…

En 2026 et au-delà, aucune « année blanche » n’est possible pour lutter contre le changement climatique et ses conséquences. Il nous faut gagner de nouveaux moyens d’action dans les entreprises et les administrations ; obtenir le financement des politiques d’adaptation et d’atténuation en intégrant le principe de justice sociale.

Stop à l’accaparement des richesses

Pas de justice climatique sans justice sociale : là aussi, les coupes dans les dépenses publiques et les mesures pour augmenter la production que proposait François Bayrou ont été d’une violence inédite envers les travailleuses et travailleurs.

Certes ces propositions sont caduques depuis la démission de François Bayrou, mais les attaques contre le service public, la protection sociale et le travail ne stopperont que grâce à nos mobilisations pour gagner une politique qui répondent à nos attentes.

Le discours sur le niveau prétendument insoutenable de la dette – aujourd’hui et pour les générations futures –, la comparaison fallacieuse avec l’endettement des ménages, les impasses faites sur la réduction des recettes fiscales par Emmanuel Macron et le silence imposé sur l’effet de l’inflation sur la réduction de la dette sont autant de stratagèmes utilisés pour manipuler l’opinion publique.

Instrumentaliser la dette n’a d’autre finalité que de répondre aux injonctions des marchés financiers de baisser la rémunération du travail au profit du capital. Les stratégies patronales, accompagnées par les pouvoirs publics et justifiées au nom de la compétitivité, visent particulièrement les ingés, cadres, techs et professions intermédiaires. Il s’agit à la fois de déconnecter la reconnaissance des qualifications du diplôme initial, de précariser et d’augmenter toujours plus le temps de travail.

La France n’est pas en faillite ! Le débat sur l’utilité de la dette pour investir dans l’avenir a été occulté. Il nous faut l’imposer pour développer une industrie innovante et durable, mettre fin à l’hémorragie des plans de suppressions d’emplois, financer les services publics tels l’éducation, la santé et la recherche, toujours en deçà des 3 % du PIB. La justice fiscale et sociale doit aussi prévaloir, en faisant payer les grandes entreprises, les rentières, les rentiers et les ultra-riches, plutôt que les travailleuses et travailleurs !

Autant de messages à faire passer et à afficher sur nos pancartes le 18 septembre et que nous traduirons dans les orientations de notre XXe congrès, du 18 au 21 novembre, à Metz !

Fabienne Tatot, secrétaire nationale de l’Ugict-Cgt

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