Plusieurs enquêtes montrent que le marché de l’emploi est tendu depuis le début de l’année pour les jeunes, si bien que même les plus diplômés peinent à décrocher un poste à la hauteur de leur qualification. Pour ne rien arranger, une récente étude de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) met en évidence, au premier trimestre 2025, une nette baisse des recrutements de jeunes cadres. Dans le même temps, la tendance est à un affaissement des salaires. Selon le Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Céreq), un jeune diplômé sur trois occupe ainsi un poste sous-qualifié et sous-rémunéré.
Depuis vingt ans, les statistiques portant sur les sorties du système éducatif font apparaître une élévation générale des niveaux de qualification. Au total, 42 % des entrants sur le marché du travail en 2009-2011 étaient diplômés du supérieur, contre 32 % sur la période1990-1992. Pour certains analystes, cette arrivée massive d’une jeunesse diplômée a nettement dépassé le nombre d’emplois qualifiés disponibles, contribuant à l’affaiblissement du rendement des diplômes du supérieur. C’est notamment ce que conclut l’étude du Céreq.
Obtenir le paiement de la qualification
Le gain salarial escompté suite à l’obtention d’un diplôme universitaire ne semble plus à la hauteur de ce qu’un jeune diplômé pouvait attendre à la fin des années 1960. Cette situation s’expliquerait par « un surcroît d’offre de diplômés par rapport aux besoins des entreprises », qui conduit, dans le contexte d’une concurrence accrue, au recrutement de personnes de plus en plus diplômées pour les mêmes types de postes. C’est devenu un fait : à niveau de diplôme donné, les salariés occupent des emplois de moins en moins bien rémunérés en début de carrière, ce qui se traduit par une baisse du salaire moyen selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).
Nous avons un rôle à jouer non seulement pour informer sur cette dégradation mais aussi pour agir auprès des jeunes diplômés. En faisant reconnaître les diplômes dès l’embauche et en obtenant le paiement de la qualification, éléments clés des grilles de classification, y compris pour nos catégories socioprofessionnelles. La « hiérarchie des diplômes » en matière de salaires doit être respectée et un déroulement de carrière minimal doit être garanti pour les ingénieurs, cadres et professions intermédiaires.
Le patronat veut supprimer cette référence
Parce qu’elle est un frein aux stratégies visant à brider toujours plus la masse salariale, le patronat souhaite supprimer cette référence aux qualifications. Il est donc impératif de la préserver, dès l’embauche. À l’Ugict-Cgt, nous voulons établir des grilles salariales qui ont du sens et qui prennent en compte la valorisation des qualifications, dans les branches comme dans les entreprises. Nous voulons lutter contre le paradoxe d’une société qui souhaite avoir des jeunes de plus en plus qualifiés mais de moins en moins bien rémunérés.
Lors des dernières Rencontres d’Options sur les professions intermédiaires, une table ronde était consacrée à la reconnaissance des diplômes en la qualifiant de « bataille permanente ». Plus que jamais, nous continuerons à mener cette bataille.