Les idées d’extrême droite : danger grave et imminent !

Les dynamiques néolibérales, la financiarisation de l’économie et l’inégale répartition des richesses forment un terreau propice à la montée des populismes. Derrière un discours « antisystème », l’extrême droite séduit de plus en plus. Pourtant, il est urgent de rappeler une vérité simple : ces forces n’ont jamais défendu ni les travailleuses et travailleurs, ni la démocratie. Leur idéologie repose sur des valeurs inégalitaires, xénophobes et racistes.

Image abstraite réalisée par Antoine Thibaudeau, mélangeant peinture acrylique, étoiles scintillantes et reflets aquatiques.

L’extrême droite a toujours servi les intérêts des classes possédantes, au détriment des opprimé·es. Sous son vernis populaire se cache une vision autoritaire, antisociale et ultralibérale. Son programme économique (comme ses postures antidémocratiques) ne laissent guère de doute : baisse des impôts pour les entreprises, démantèlement de la protection sociale, affaiblissement des syndicats, durcissement sécuritaire et stigmatisation des étrangères et étrangers. Ces politiques détournent l’attention des véritables injustices comme de leurs causes réelles. 

Les milieux d’affaires n’y voient pas une menace, mais un partenaire utile pour consolider leurs privilèges et affaiblir les contre-pouvoirs. D’ailleurs le Medef dans ses universités d’été est plus enclin à parler du « problème de la culture woke qui pourrait rentrer dans les entreprises » que du racisme qui sévit au travail. L’Ugict-CGT l’a mis en lumière dans ses sondages : 41 % des professions intermédiaires ont déjà été témoins et/ou victimes de « blagues » racistes (38 % chez les cadres) ; 29 % ont déjà été témoins et/ou victimes d’insultes racistes (20 % chez les cadres). 

Ces chiffres, en plus d’être alarmants, sont la preuve que les employeurs ne prennent pas leurs responsabilités : 61 % des salarié·es des professions intermédiaires déclarent ne pas avoir été informé·es des droits et recours en cas de comportement raciste au travail.

À cela s’ajoute un autre péril : celui d’une démocratie vidée de son sens, où les contre-pouvoirs sont l’objet d’une détestation de plus en plus assumée. En témoignent les attaques portées contre la justice, jugée « laxiste » mais finalement trop sévère avec les puissants lorsque ces derniers se voient appliquer des peines votées par la représentation nationale… Une démocratie, également, soumise aux logiques du marché. La fameuse « liberté d’entreprendre » se traduit par la précarisation du travail, l’affaiblissement des services publics et l’épuisement des travailleuses et travailleurs. La récente loi Duplomb en est une illustration, incarnant un pouvoir qui fait passer les intérêts économiques avant la santé et l’environnement.

Ces mécanismes alimentent une colère et une perte de repères. On accuse les services de contrôle de brider les libertés, on prétend que le système fiscal est trop favorable au peuple. Cette rhétorique s’accompagne de passages à l’acte violents : lors de mobilisations agricoles à Carcassonne (Aude), des extrémistes ont saccagé la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal). À Agen (Lot-et-Garonne), un cadavre de sanglier a été suspendu devant l’inspection du travail. Et n’oublions le drame de Saussignac (Dordogne) en 2004, lorsqu’une contrôleuse et un contrôleur du travail ont été assassiné·es.

Cette violence contre les institutions est un marqueur constant de l’extrême droite. La lutte contre ces idées passe donc aussi par la défense des cadres de la fonction publique, piliers de l’égalité de traitement, de l’intérêt général et du respect de l’État de droit. Ces agents font l’objet d’attaques récurrentes, notamment dans les discours anti-« élites ». Récemment des figures de l’extrême droite s’en sont prise à des agences environnementales telles que l’Ademe ou l’Office français de la biodiversité, mettant en cause leur légitimité et leur rôle.

C’est toute notre société qui est en danger : nos institutions, le vivre-ensemble mais aussi notre capacité à répondre à la crise écologique. L’extrême droite nie ou relativise l’urgence climatique. Le capitalisme dérégulé transforme les limites planétaires en opportunités spéculatives. Sans État stratège, sans démocratie sociale, sans planification écologique, le risque est grand d’un recul autoritaire et d’une dérive libertarienne. En France sur le seul 1er semestre 2025, un groupe d’ONG a recensé 43 reculs environnementaux.

Les signaux d’alerte s’accumulent. Notre dernier baromètre révèle que 51 % des cadres estiment que leur employeur n’anticipe pas les défis à venir (59 % pour les professions intermédiaires) ; 60 % déclarent n’avoir jamais été associés à l’élaboration de solutions et 48 % redoutent des atteintes à la démocratie et à l’État de droit. Ce constat doit nous interpeller car notre responsabilité est immense et notre capacité à agir bien réelle : notre travail est notre pouvoir ! Nous sommes au cœur des mutations du travail et de l’innovation. Nous avons un rôle à jouer pour construire une société plus démocratique, solidaire et écologiquement soutenable. Il faut renforcer les collectifs, le droit du travail et la régulation des puissances économiques. Le temps est venu d’inventer de nouveaux « Jours heureux ».

Caroline Blanchot, secrétaire générale de l’Ugict-Cgt

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