La trajectoire de la consommation énergétique de l’intelligence artificielle s’emballe. D’ici 2030, les centres de données nécessaires à ChatGPT et à ses homologues pourraient engloutir jusqu’à 1500 térawattheures (TWh) par an, soit l’équivalent de la consommation électrique totale de l’Inde. Un rapport de The Shift Project, ONG qui lutte contre le changement climatique, alerte sur une situation critique.
Sans même compter les cryptomonnaies, dont le poids n’est pas négligeable, la consommation d’électricité des centres de données a bondi de 154 % entre 2014 et 2024, particulièrement sur la seconde moitié de cette période : alors que le croissance annuelle était de 7 % sur 2014-2019, elle a presque doublé sur 2019-2024, avec 13 % de croissance annuelle. Pire, l’Agence internationale de l’Énergie prévoit que la consommation d’électricité de l’IA décuple jusqu’en 2026.
En 2025, l’IA représente déjà 15 % de la consommation des centres de données, une part qui pourrait bondir à 35 % d’ici à 2030. Le bilan carbone suit la même trajectoire effrayante, avec jusqu’à 920 millions de tonnes de CO2 émises en 2030, soit deux fois les émissions de la France.
Au sein de l’Union européenne, trois pays se distinguent : le Luxembourg, le Danemark et surtout l’Irlande voient une part considérable de leur consommation électrique absorbée par les centres de données. Devenue le hub technologique de l’UE, l’Île verte voit ce type d’infrastructure engloutir plus de 20 % de l’électricité disponible, dépassant la consommation de toutes les zones résidentielles urbaines.
Les projections de l’agence Deloitte indique une augmentation conséquente de la consommation énergétique de l’IA, fruit de sa démocratisation et de la diffusion de ses usages. Avec une croissance annuelle de 28 % entre 2023 et 2026, alors qu’elle frôlait les 50 % entre 2020 et 2023, notamment pour l’apprentissage des modèles d’IA.
Comme le déplore l’ONG The Shift Project, cette explosion n’est intégrée dans aucun scénario de planification énergétique. Les émissions européennes liées au numérique augmentent de 9 % par an, ce qui entre en contradiction avec l’objectif de réduction annuelle de 5 % des gaz à effet de serre, nécessaire pour atteindre la neutralité carbone.
Pour la France, le parcours envisagé ne serait pas très différent. Après le « Sommet de l’IA » organisé en début d’année 2025 à Paris, l’heure est à la construction de nouveaux « méga data centers » aux quatre coins du territoire. La consommation de de ces ogres énergétiques grimperait de 275 % d’ici à 2035. Elle représenterait alors un tiers de la consommation électrique de l’industrie française. Quid des impératifs de lutte contre le changement climatique ?
