Pour notre dernier point avant la rentrée, commençons par l’actualité relative à l’accord d’association UE-Israël. En effet, selon audit présenté le 23 juin 2025 aux ministres des Affaires étrangères, l’État d’Israël manque à ses obligations en matière de droits de l’homme, ce qui est susceptible de remettre en cause l’accord d’association.
Pour autant, les discussions du Conseil européen du 15 juillet n’ont pas abouti à une révocation de cet accord, ni même à l’une des mesures intermédiaires proposées (embargo sur les armes, sanctions de ministres israéliens, restrictions d’entrée sur le territoire européen, interdiction du commerce avec les colonies israéliennes…). Un petit nombre d’États, avec l’appui de la haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Kaja Kallas, continuent ainsi d’entraver les mesures de rétorsion, se contentant de promettre une « surveillance étroite » de la distribution d’aide humanitaire à la population gazaouie.
L’Union européenne ignore ainsi totalement les décisions de la Cour internationale de la Justice, les rapports de l’Onu et l’ensemble des appels lancés par les organisations humanitaires. Les ministres des Affaires étrangères devaient se retrouver fin août pour une réunion informelle à Copenhague.
Un « 28e régime » de droit des affaires au rabais
Au cours de l’été et pour la troisième fois, la Commission européenne a tenté d’imposer une initiative qui permettrait aux entreprises de se soustraire au droit national du travail, portant ainsi atteinte aux normes de santé et de sécurité, aux syndicats ainsi qu’aux employeurs responsables.
Le projet de « 28e régime » vise à créer un code européen de droit des affaires au rabais. L’initiative illustre parfaitement le programme de déréglementation et de lutte contre les travailleurs porté par la deuxième commission Von der Leyen. Comme nombre d’autres propositions néfastes, elle repose sur une interprétation volontairement erronée du rapport Draghi, « L’avenir de la compétitivité européenne », qui a conduit à la création d’un nouveau statut juridique européen pour les entreprises « innovantes ».
Quelle égalité après 2025 ?
Eurocadres appelle la Commission européenne à présenter une stratégie ambitieuse pour l’égalité des genres après 2025. Si plusieurs initiatives en faveur de l’égalité femmes-hommaes ont été lancées au cours du mandat précédent, des lacunes législatives, économiques et sociales persistent.
En 2020, les données de l’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes (Eige) indiquaient un écart de retraite de 24,1 % à l’échelle de l’Ue. Des statistiques plus récentes (2023) font état de disparités allant de 0,5 % au Danemark à 43,4 % à Malte pour la tranche d’âge 65-74 ans.
Pour réduire cette inégalité de revenus, la solution ne consiste pas à pousser les femmes vers des postes plus « lucratifs », en abandonnant les secteurs essentiels – éducation, la santé et travail social – dans lesquels elles sont surreprésentés. L’enjeu est plutôt de faire en sorte que les métiers dans ces secteurs soient mieux rémunérés.
Dans ce contexte, le projet d’Eurocadres « Assurer l’égalité : mettre en œuvre la transparence salariale pour les cadres » s’est poursuivi. Après le succès de l’atelier organisé à La Valette, à Malte, un deuxième événement s’est tenu en présentiel à Budapest, alors que le délai de transposition de la directive se raccourcit.
Cet événement s’est concentré sur les bonnes pratiques existantes, les victoires syndicales et les stratégies des entreprises. Compte tenu de la diversité des pratiques et des accords nationaux en vigueur, il s’est attaché, en alternant présentations et travaux de groupe, à préparer la transposition de cette directive de manière pertinente pour les délégués syndicaux et les travailleurs. Des collègues hongrois et allemands ont présenté les exemples nationaux de différents modèles de rémunération pour les cadres et les dirigeants, susceptibles de favoriser la transparence salariale.
Télétravail et droit à la déconnexion
Plus d’un an après la première phase de consultation des partenaires sociaux, la commission a enfin lancé la 2e phase de consultation sur le télétravail et le droit à la déconnexion. Rappelons que cette initiative intervient après l’échec de quatorze mois de négociations avec les employeurs européens, le Medef ayant largement œuvré à cet échec.
En France, de grandes entreprises comme Ubisoft, Free, Société générale et Amazon ont commencé à imposer unilatéralement la fin du télétravail, malgré les bénéfices pour la santé et la productivité dont nous avons pu témoigner. Ce revirement a affaibli de nombreux accords d’entreprise. Forcer les salariés à retourner au bureau, sans tenir compte de l’impact sur leur vie privée, sans consulter les syndicats, ne favorise ni le dialogue social ni la confiance.
Nous avons dénoncé cette situation dans une tribune publiée par Le Monde le 11 août 2025.