Après la mobilisation réussie du 18 septembre, l’intersyndicale lance un ultimatum au gouvernement

L'abandon de la suppression de deux jours fériés ne suffit pas. C'est l'ensemble du budget qu'il faut abandonner, exige l'intersyndicale (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires et FSU) qui veut imposer d'autres choix.

Publié le : 15 · 09 · 2025

Mis à jour le : 01 · 10 · 2025

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Options - Le journal de l’Ugict-CGT

Plus de 250 manifestations ont été recensées, le 18 septembre dernier, sur tout le territoire.

Zuma Press/MaxPPP/MaxPPP

Avec un million de manifestants et de grévistes recensés sur tout le territoire, la mobilisation interprofessionnelle et unitaire du 18 septembre a tenu ses promesses. Mais pour l’ensemble des organisations syndicales, il n’est pas question de se satisfaire de l’abandon du projet de suppression de deux jours fériés, annoncé par le nouveau Premier ministre dans la presse régionale : le compte n’y est pas ! Dans un communiqué, elles lancent un ultimatum au gouvernement afin que ce dernier apporte une réponse véritablement à la hauteur des exigences sociales qui se sont exprimées. En abandonnant, pour commencer, l’ensemble du projet de budget (doublement des franchises médicales, année blanche, suppressions de fonctionnaires, nouvelle réforme de l’assurance chômage…). L’intersyndicale exige également plus de justice fiscale, des moyens pour les services publics, l’abandon du recul de l’âge de départ à la retraite à 64 ans, ainsi que la conditionnalité environnementale et sociale des aides publiques aux entreprises (211 milliards d’euros par an), documentées par un récent rapport sénatorial. Elles préviennent : « Si d’ici au 24 septembre, (le gouvernement) n’a pas répondu à leurs revendications, les organisations syndicales se retrouveront pour décider rapidement d’une nouvelle journée de grèves et de manifestations« .

La réussite de la journée du 18 septembre intervient dans le prolongement du mouvement citoyen « Bloquons tout », dont l’ampleur et la forme étaient incertaines. Tout juste avait-on une idée du profil de celles et ceux qui s’apprêtaient à le rejoindre, grâce notamment à une étude du politiste Antoine Bristielle, de la Fondation Jean Jaurès : plus politisés, plus diplômés, plus urbains que les gilets jaunes de 2018-2019. . Ils et elles l’ont été, ce 10 septembre dernier -« nouveau jour férié » a anticipé une banderole avec un certain humour. Mais en partie et pas partout : en Loire-Atlantique, témoigne ainsi un militant Ugict, une trentaine d’actions ont eu lieu à Nantes et dans le bassin nazairien, dans les villes moyennes mais aussi dans les zones rurales, dans la dynamique observée lors de la mobilisation contre la réforme des retraites.

Au total, la journée de blocages du 10 septembre avait déjà réuni quelque 250 000 participants, a comptabilisé la CGT qui avait appelé à la mobilisation et recensé 1 000 appels issus de ses organisations et quelque 200 initiatives et rassemblements. Un succès, au regard des 100 000 bloqueuses et bloqueurs attendus par le gouvernement, qui avait déployé 80 000 gendarmes et policiers sur tout le territoire. Des centaines de personnes ont été placées en garde à vue, certaines préventivement, dont au moins cinq militants et militantes de la CGT. 

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À Paris, place du Châtelet, le rassemblement organisé par les unions départementales parisiennes de la CGT, de la FSU et de Solidaires a vu dans l’après-midi affluer de nombreuses et nombreux jeunes, pour beaucoup étudiants, qui ont échangé sur leur inquiétude vis-à-vis de l’avenir et de leurs difficultés à se loger. 

Beaucoup plus tôt dans la matinée, à Marseille, un cortège de près de 400 personnes s’était rendu au pied de la tour CMA-CGM, dans la zone d’affaires Euroméditerranée, siège de la compagnie maritime de Rodolphe Saadé, propriétaire par ailleurs de La Provence, de BFM TV et de RMC. En revendiquant, comme partout dans le cadre d’une myriade d’actions, davantage de justice fiscale et sociale ; en manifestant pour un autre budget et une meilleure répartition des richesses. « Tax the rich », pouvait-on lire sur une autre banderole, en référence à l’idée d’un impôt européen sur les grandes fortunes pour financer la transition climatique et sociale. « Qui financera la dette climatique ? », s’inquiétait ainsi un manifestant.

À Hagondange, en Moselle, c’est pour la sauvegarde des emplois et de l’outil industriel que Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, était venue soutenir les salariés de NovAsco, entreprise sidérurgique menacée de liquidation. 

Sacrifices pour le monde du travail : stop !

Toujours ce 10 septembre, première étape d’un mouvement destiné à s’ancrer dans la durée, la mobilisation était notable : plus d’une centaine d’arrêts de travail enregistrés dans la Fonction publique hospitalière ; des milliers de grévistes aux Finances publiques ; plus de 130 appels à la grève dans la chimie ; des monuments nationaux totalement ou partiellement fermés dont le Louvre, le château de Versailles, Orsay, la BNF ou les Archives nationales de Paris et d’Aix… La fédération CGT des Services publics fait part d’un nombre record de préavis de grève, courant souvent jusqu’à fin septembre, à l’initiative de plus de 50 % des coordinations syndicales départementales (CSD) 

Acte II, le jeudi 18 septembre dernier, marqué par la détermination des manifestants et grévistes à mettre le budget sous surveillance sociale. Comme cela était annoncé, la mobilisation a été massive dans de nombreux secteurs, notamment celui des transports. À la RATP notamment, où l’appel à la grève était lancé par les quatre organisations syndicales représentatives (CGT, FO, Unsa, CFE-CGC), 10000 grévistes ont ainsi été recensés. Partout, des manifestations importantes ont été organisées : 120 000 personnes rassemblées dans les rues de Marseille, 5000 à Tarbes, 25000 à Nantes… A Draguignan, dans le Var, les manifestants ont symboliquement déposé un chèque de 211 milliards d’euros devant le siège du Medef local. C’est, indique la CGT, la plus forte mobilisation sociale depuis le mouvement contre la réforme des retraites, en 2023.

Christine Labbe

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