De tous les disques publiés pour fêter le 150e anniversaire de la naissance de Maurice Ravel, celui du quatuor Kebyart est celui qui, jusqu’ici, rend l’hommage le plus surprenant au natif de Ciboure, au Pays basque. Avec un album au titre en forme de jeu de mot, Unraveled, comme unrevealed, « non révélé », en anglais, le quatuor de saxophones créé en 2014 à Barcelone réinvente l’écoute de la musique.
Comme la plupart de ses contemporains, Ravel n’a fait appel au saxophone qu’en de rares occasions, à l’exception, notable, du Boléro. Le quatrième Cd de Kebyart s’ouvre sur la transcription du Tombeau de Couperin, écrit entre 1914 et 1917, années de renouveau de la musique ancienne. Chacun des six mouvements est dédié à un ami mort sur le front : le Prélude, à Jacques Charlot, qui a transcrit pour le piano Ma mère l’Oye et Les Sites auriculaires ; le Rigaudon (danse traditionnelle de Provence), aux frères Gaudin, originaires de Saint-Jean-de-Luz, à quelques rues de Ciboure ; etc.
Le timbre si particulier du saxophone, son moelleux, la richesse de ses textures nous emmène vers des horizons inconnus et au-delà du temps, comme ce Rondeau, de la Suite en mi mineur, de Jean-Philippe Rameau, aux accents de musique Klezmer. L’adaptation de la Pavane pour une infante défunte n’a rien d’un complément, pas plus que Les Perfectibilités, de Mikel Urquiza (1988), traité d’ornement qui relie Ravel à Ligeti, dans une même recherche de pureté de la forme et du langage.
- Kebyart, Unraveled : homage to Maurice Ravel, 1 Cd Linn records, 22 euros.