Fuites à l’anglaise

Étonnantes Suites anglaises, dont on ne sait pas vraiment à quelle période elles ont été composées (autour de 1715-1720), ni pour qui (un riche Anglais, un musicien français installé à Londres ?), et dont le caractère relève davantage du style allemand, italien, français (voire des deux, comme dans la sarabande de la deuxième suite) qu’anglais.

Publié le : 15 · 07 · 2025

Temps de lecture : 1 min

Mais peu importe : ces six suites, numérotées de 806 à 811, exhalent un irrésistible parfum de liberté, avec leurs préludes éblouissants où domine l’esprit de concerto (jusqu’au vertige, pour les Suites n°3 et 5), leurs danses gaies et expressives. Ainsi Francesco Tristano poursuit-il son rêve depuis qu’il est enfant : graver l’intégrale de l’œuvre pour clavier de Bach – il a déjà enregistré les Variations Goldberg et les Suites françaises.

Assumant, comme Rosalyn Tureck et Glenn Gould à leur époque, des choix qui peuvent paraître audacieux – voir la Bourrée II, de la Suite n°1, la courante de la Suite n°4, ou le prélude de la Suite n°2, que ne renierait pas un joueur de ragtime. Mais tout est affaire de rythme et de pulsation pour le pianiste né, il y a quarante-quatre ans, au Luxembourg. Esprit virtuose et indépendant, Tristano est aussi un familier de la scène électro, à la fois comme interprète et compositeur. Après les Suites anglaises, sonnera l’heuredes Toccatas BWV 910-916. Avant qu’intervienne la dernière touche de son Grand Œuvre, vingt ans, au minimum, auront passé. La promesse d’heures exquises.

The 6 English Suites. Francesco Tristano. 2 CD Naïve. 20 euros.

Ulysse Long-Hun-Nam

Pour aller plus loin :