D’Europe de l’est, où le fond de l’air était frais

La violoncelliste Marie-Élisabeth Hecker et le pianiste Martin Helmchen se sont associés pour interpréter plusieurs grands auteurs slaves marqués par leurs rapports complexes au régime soviétique.

Publié le : 12 · 09 · 2025

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L’association peut paraître déséquilibrée entre le violoncelle, destiné au départ à jouer la partie basse dans les ensembles, et le piano, qui se suffit à lui-même, ralliant, à l’occasion, les orchestres à son panache. Mais très vite, le violoncelle a démontré sa capacité à chanter la ligne mélodique et, dès le XVIIsiècle, les deux instruments ont affiché une complémentarité, l’un se gardant d’étouffer l’autre. 

Les sonates réunies dans l’album de la violoncelliste Marie-Élisabeth Hecker et du pianiste Martin Helmchen, sont parmi les plus remarquables. Prokofiev, Rachmaninov, Schnittke, Chostakovitch, Stravinsky, Weinberg… Au-delà de la signature sonore de chacun, leur musique, à l’exception de la sonate de Rachmaninov, qui date de 1901, porte de manière plus ou moins marquée la nature des relations complexes entretenues avec le régime soviétique. Les tensions de l’op.63 de Mieczysław Weinberg ont peu à voir avec le pittoresque de La Suite italienne de Stravinsky, de même que le classicisme de la sonate de Prokofiev – écrite un an après que le style du compositeur eut été jugé décadent par la commission Jdanov – contraste avec l’âpreté de celle d’Alfred Schnittke. 

Reste la sonate de Chostakovitch, incontournable avec ses premières mesures qui respirent la sérénité avant de connaître le tourment – l’histoire raconte qu’il l’aurait composée après une violente dispute avec son épouse – et de prendre les accents mordants si caractéristiques de sa musique. 

  • Marie-Élisabeth Hecker (vcl) et Martin Helmchen (p), From Eastern Europe. Cello sonatas, 2 Cd Alpha Classics, 2025, 25 euros.
Ulysse Long-Hun-Nam

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