Avec son mètre quatre-vingt-quinze et sa voix de basse profonde, rien ne destinait la contrebasse à sortir de l’arrière-plan des salles de concert. Mais ses atouts rythmiques et mélodiques ont rapidement convaincu les musiciens de la mettre plus en avant : Mahler, dans la marche funèbre du troisième mouvement de sa symphonie Titan, empruntée à Frère Jacques ; Schubert, dans son quintette La Truite ; sans oublier Giovanni Bottesini (1821-1889), le premier à avoir dédié à l’instrument un répertoire.
Uxía Martínez Botana a voulu aller plus loin en interrogeant la place de l’instrument au sein du quatuor à cordes, traditionnellement constitué de deux violons, d’un alto et du violoncelle. Pour ce voyage inédit, la contrebassiste espagnole a fait appel à Sergey Ostrovsky et à Alexander Kagan aux violons, à Noémie Bialobroda au violoncelle pour des moments choisis de la vie de Mendelssohn : l’Adagio, de l’op.44, tout en demi-teintes, qui date de la naissance de son premier enfant ; l’op.81, constitué de fragments datés de 1827, 1843 et 1847 ; enfin, son chef-d’œuvre, l’op.80, immense cri de détresse et de douleur après la mort de sa sœur Fanny, dont le dernier mouvement est comme une évocation de La Jeune Fille et la Mort, de Schubert, écrit vingt ans plus tôt.
S’agissant de la présence de la contrebasse : elle est à la fois discrète et parfaitement audible, ne nuit en rien à sa profondeur. Mendelssohn mourra le 4 novembre 1847, six mois après sa sœur.
- Uxía Martínez Botana, Mendelssohn X Files, 1 CD Fuga Libera, 20 euros.
