Tant de mystères entourent sa personne : son piano retrouvé quasiment intact à sa mort, laissant penser qu’il n’en jouait que rarement ; ses indications musicales énigmatiques – « Retirez votre main et mettez-la dans votre poche », « Postulez en vous-même » ; son église, qui ne comptait qu’un membre… lui. Son répertoire ? Là encore, il y a encore à découvrir. La preuve, avec la compositrice Sato Matsui et le musicologue James Nye, qui ont écumé les rayons de la Bibliothèque nationale de France ainsi que des archives privées à Boston, pour, au final, sortir de l’oubli vingt-sept manuscrits et esquisses, au style éclectique, allant de la pièce de café-concert (Satie jouait à Montmartre) à des miniatures plus intimes, allant toutes nues, comme disait Jean Cocteau, ou expérimentales, type les Pièces bitonales. Ces partitions, pour beaucoup à l’état fragmentaires, le musicien les consignait dans de petits carnets lors de ses trajets qui le menaient d’Arcueil, où il habitait, jusqu’à Paris. Ces marches lui ont peut-être inspiré ses titres, aussi pittoresques qu’évocateurs : Pousse l’amour ; Familial désespoir ; Rêverie d’un plat… Comme dans son précédent disque Satie, Alexandre Tharaud s’est entouré d’artistes pour jouer en duo : Nemanja Radulovic, au violon, et Gautier Capuçon qui, pour l’occasion, a troqué son violoncelle pour un piano. On ne le regrette pas.
Satie. Discoveries. Alexandre Tharaud. 1 CD Erato. Disponible en digital. 15 €
