Le théâtre a la faculté de s’emparer de tout ; roman, essai, poème, film, fait de société, etc. Un exemple éloquent d’emprunt fécond nous est fourni, en ce moment, par la Cie Robert de profil, qui s’attaque à un monument de la pensée occidentale dû à l’Athénien Platon (vers 427-347 av. J.-C.) à qui l’on est redevable de tant de textes fondateurs.
Nicolas Liautard et Magalie Nadaud, qui ont conçu le spectacle, en résument la trame en ces termes : « Agathon vient de remporter un concours de tragédie. Pour célébrer sa victoire, il rassemble chez lui ses amis Pausanias, Aristophane, Alcibiade et Socrate. La joyeuse compagnie a déjà beaucoup bu la veille, quand les discours commencent. Qui fera le plus bel éloge de l’amour ? D’un côté l’Aphrodite céleste, de l’autre l’Aphrodite vulgaire. Entre les deux amours, lequel louer, celui des corps ou celui des beaux esprits ? »
Exercer la pensée de manière autonome
Les organisateurs de ce Banquet théâtral entendent exercer la pensée de manière autonome, sans nullement renoncer à la convivialité, ce dans le dessein d’offrir au public un grand spectacle populaire. La question politique se pose aujourd’hui, devant le Banquet, de la place de l’homosexualité, masculine ou féminine, par rapport à son statut à l’époque de Platon.
Là-dessus, les auteurs du spectacle s’interrogent : « Comment réagissons-nous à une parole venue d’un moment dans l’histoire où l’homosexualité est la norme sociale ? » Six interprètes, hommes et femmes, jouent les convives attablés autour de ces agapes philosophiques. Le rôle de Socrate, par exemple, échoit à la comédienne Sarah Brannens.
- Jusqu’au 21 décembre, dans la salle Serreau du Théâtre de la tempête, à la Cartoucherie, route du Champ-de-Manœuvre, Paris 12e.
