Le Musée d’art et d’histoire de Genève abrite, depuis 2007, une collection archéologique de quelque 529 pièces appartenant à l’Autorité nationale palestinienne. Il s’agit d’amphores, de vases, de statuettes, de lampes à huile, de figurines, de stèles funéraires, de mosaïques… La datation de ces précieux vestiges va de l’âge du bronze à l’époque ottomane, en passant par les périodes philistine, perse, romaine, byzantine et mamelouk.
On comprend aisément que cet ensemble, de grande valeur historique et artistique, n’ait pu, par la force des choses, revenir à Gaza. C’est pourquoi, avec le concours du Musée d’art et d’histoire de Genève et le soutien de l’Autorité nationale palestinienne, l’Institut du monde arabe expose, ces temps-ci, une sélection de 130 chefs-d’œuvre de cette collection, issus de fouilles archéologiques entamées, en 1995, par une équipe franco-palestinienne.
Les dommages irrémédiables infligés dans l’enclave
Au nombre de ces trésors révélés, il faut compter la magnifique mosaïque d’Abu Barakeh, ainsi que les fleurons de la collection privée de Jawdat Khoudery, l’entrepreneur qui avait fait construire en 1998, à Gaza, un beau musée, rasé par les bombardements israéliens au printemps 2024. Le 25 mars, l’Unesco, à l’aide d’images satellite, a pu constater les dommages irrémédiables infligés dans l’enclave à 94 sites (12 à vocation religieuse, 61 d’intérêt historique et/ou artistique, 7 d’ordre archéologique, 6 monuments, 3 dépôts de biens culturels mobiliers et le fameux musée en ruines).
Le visiteur peut s’informer en détail sur cet état de fait, au sein d’un espace où s’affiche la cartographie des bombardements, établie par divers groupes de recherches. S’y ajoute un recensement des dernières découvertes archéologiques à Gaza et de photographies inédites de la ville au début du XXe siècle, tirées du fonds de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem. Sont ainsi abordées les questions relatives au patrimoine en temps de guerre, en particulier à Gaza, où plus des deux tiers du domaine bâti sont déjà détruits.
Jack Lang : « Rien n’est pire que l’abandon ou l’oubli »
Il revenait à Jack Lang, président de l’Institut du monde arabe de présenter l’exposition « Trésors sauvés de Gaza », laquelle témoigne ardemment d’un vaste pan – méconnu du grand public – du passé prestigieux de l’enclave palestinienne. Il l’a fait en ces termes : « Rien n’est pire que l’abandon ou l’oubli. Cette exposition, que je qualifierai de salut public, rend hommage à Gaza, vibrante et merveilleusement jeune. »
- Jusqu’au 2 novembre, salles d’exposition (niveaux – 1 et – 2) de l’Institut du monde arabe, 1 rue des Fossés-Saint-Bernard, place Mohammed-V, Paris 5e.