Connaissez-vous le field recording ? Apparue avec l’apparition des systèmes d’enregistrement à la fin du XIXe siècle, c’est une pratique qui consiste à capter les sons du terrain (field) et à en révéler la musique. Les pionniers, ethnomusicologues ou audio-naturalistes, s’appelaient Alan Lomax, Art Rosenbaum, Peter Cusack.
Leur digne héritier, Romain De La Haye-Serafini, alias Dj Molécule, parcourt le monde depuis plus de vingt ans, captant ici le fracas des vagues de Nazaré, spot prisé des surfeurs au Portugal, là celui des eaux tumultueuses de l’Atlantique nord à bord d’un chalutier, ou le quotidien du skipper Thomas Ruyant sur le Vendée-Globe…
Superposition de pastilles
Fatalement, en chercheur de sons, l’ancien étudiant en sociologie devait finir par avoir envie de se frotter à un orchestre. Deux ans durant, donc, il a assisté aux répétitions de l’Orchestre national de Lille, enregistrant le souffle des musiciens, le frottement des cordes, les craquements des instruments, et bien sûr des extraits des œuvres jouées, collant ensuite toutes ces pastilles, les superposant ou les agrégeant…
À l’arrivée, la première symphonie « quantique » de Dj Molécule se présente comme un objet hybride, de facture plutôt classique, entre musique acoustique et musique électronique, aux couleurs et textures diverses, reliant le passé, le présent et le futur. De Mozart à Ligeti, en passant par Beethoven, Stravinsky, Mahler… Le reste est à deviner.
- Orchestre national de Lille, Alexandre Bloch (dir.), Molécule. Symphonie n°1 « Quantique », 1 Cd Alpha Classics, 22 euros.