Un pianino pour voyager avec Chopin

Le claveciniste Justin Taylor délaisse son instrument de prédilection pour un pianino, instrument idéal pour retrouver le son des années 1830 et la mélancolie que lui inspire le compositeur polonais.

Publié le : 13 · 06 · 2025

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Jusqu’à présent, on était davantage habitué à voir Justin Taylor assis derrière un clavecin, à explorer le répertoire du XVIIIsiècle : Forqueray, Rameau, Scarlatti (le fils) et, bien sûr, Bach (l’éternel). Mais pour ce nouvel album – à 33 ans, il en compte déjà plus d’une dizaine à son actif –, ce natif d’Angers d’origine américaine a feinté tout le monde avec un programme Chopin. La faute à son amour pour les claviers sous toutes leurs formes, et le pianino, sous le charme duquel il est tombé. 

Très à la mode dans les années 1830, le pianino est ce piano droit que s’était fait livrer le compositeur polonais lors de son séjour à Majorque avec George Sand. À l’opposé de la sonorité métallique du clavecin, l’instrument sur lequel joue Justin Taylor (un Pleyel de 1839 en acajou haut de 114 cm) laisse filtrer des sonorités délicates, rondes, chaudes, légèrement voilées. Le choix des œuvres est inspiré de l’atmosphère intimiste et un peu mélancolique de cet hiver de 1838 où Chopin, qui se sait malade, joue et compose pour ses proches. 

Entre études, nocturnes et mazurkas, on retrouve bien sûr des incontournables : les Nocturnes n°1 et 2 de l’op.9, la Mazurka op.17 n°4, les Préludes op.28 n°4 et 20… Et une transcription magique de Casta diva, de Bellini, que Chopin adorait. Tous les baroqueux ne réussissent pas leur pas de côté, mais gageons que la sensibilité, la variété de registres et les nuances dans le phrasé mèneront loin Justin Taylor…

Justin Taylor, Chopin intime, 1 Cd Alpha Classics, 18 euros.

Ulysse Long-Hun-Nam

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